À l’origine, Cuzco était la capitale et le centre de Tawantisuyo, l’empire Inca. Quatre routes principales partaient depuis la ville pour rejoindre les quatre régions de l’empire.
La légende dit que le premier grand Inca, Manco Capac, et sa femme furent envoyés sur terre par le dieu soleil pour civiliser l’humanité. Ils apparurent sur le lac Titicaca mais décidèrent d’établir leur ville dans la vallée fertile de Cuzco.
L’empire Inca fut florissant pendant des années mais quand Francisco Pizaro arriva dans la région, une guerre de succession était en cours. Cela lui facilita bien la tâche pour conquérir la ville en 1534. Son admiration pour la beauté des palaces et leur architecture ne l’empêcha pas de piller la capitale avec ses hommes.
Beaucoup de restes du passé glorieux de Cuzco sont encore visibles aujourd’hui. Les Espagnols utilisèrent les fondations des bâtiments Inca, ainsi que les plans des rues, pour construire leurs nouveaux bâtiments.
Le centre ville
Le coeur de Cuzco se trouve à la plaza de Armas, une des plus belles que nous ayons vues jusqu’à présent pendant notre voyage. La place est très grande, entourée par deux églises et par des bâtiments coloniaux avec des arcades. Sous ces arcades, on trouve de nombreuses agences pour planifier son prochain trek ou sa prochaine visite. Attention : les vendeurs se précipitent sur toute personne ressemblant à un touriste pour essayer de lui vendre quelque chose, allant du massage à un trek de plusieurs jours. Même si ces sollicitations peuvent être énervantes à la longue, Cuzco est une ville très sûre et on ne s’est jamais sentis en danger.
Au centre de la place, on trouve un petit jardin et une petite pyramide avec, au sommet, une statue en or de Pachacuti, l’Inca qui initia l’expansion de l’empire. Chaque manifestation ou parade qui a lieu à Cuzco commence ou prend fin ici.
Les églises : la cathédrale et quelques autres
La cathédrale, située au niveau de la plaza de Armas, est en fait formée de trois églises, de trois époques différentes. Les styles intérieurs sont également bien distincts : le changement entre le baroque dans la deuxième église et le néoclassique dans la troisième est immanquable ! Mais ce qui nous a le plus marqué de cette visite, c’est un tableau représentant le dernier repas avec un cuy (cochon d’Inde) comme plat principal. C’était un moyen pour les missionnaires de rendre la religion chrétienne plus proche des populations locales indigènes.
Le billet d’entrée à la cathédrale coûte 25 soles. Cependant, en ajoutant 5 soles, il est possible d’acheter le boleto religioso qui permet de visiter également les églises de San Blas et de San Cristobal. Évidemment, la cathédrale est la partie la plus intéressante à voir mais les deux autres églises valent également le détour. À San Blas, on trouve un magnifique retable baroque tout en bois. San Cristobal, quant à elle, permet d’avoir une vue imprenable sur la ville.
On trouve une autre église sur la plaza de Armas, dont l’entrée n’est pas incluse dans le boleto religioso. Il s’agit de l’église jésuite. Comme le veut la tradition jésuite, du moins en Amérique du Sud, la façade est dans le pur style baroque alors que l’intérieur est tapissé d’or. Nous avons eu la chance de la visiter pendant une célébration, l’entrée était alors gratuite. Il est recommandé d’être respectueux et de ne pas prendre de photos, ce qui est de toute façon interdit en permanence.
Les rues de Cuzco
Marcher ou plutôt se balader dans les rues de Cuzco est probablement l’une des meilleures choses à faire. On admirera alors les petites rues et les superbes bâtiments. En commençant à plaza de Armas, la première chose à faire est d’aller dans la rue de Hatun Rumiyoc. Il s’agit d’une rue étroite Inca dont les murs laissent entrevoir les pierres taillées et ajustées à la perfection. On y trouve même une pierre à 12 angles !
De là, on peut continuer à marcher et monter dans les hauteurs de San Blas. Là-bas, en plus de l’église évoquée précédemment, on trouve un grand nombre de petites rues, de maisons blanches et d’ateliers d’artistes.
Enfin, une balade dans le centre ne peut pas être complète sans un arrêt au marché San Pedro. On y trouve des souvenirs, des objets d’artisanat et de la nourriture. Il est possible d’y prendre son déjeuner pour la modique somme de 5 soles. C’est un moyen parfait de goûter aux spécialités péruviennes comme par exemple l’aji de gallina, sorte de bouillon de poulet avec du poivron jaune et des oignons.
Boleto turistico
Pour visiter les nombreux sites à Cuzco et ses alentours, il faut acheter le boleto turistico, ou le ticket touristique. Le boleto est valide pour 10 jours et donne accès à 16 sites, dont l’entrée ne peut pas être achetée séparément. Il existe également trois tickets partiels, valides seulement pour 3 jours : un pour les ruines de la Vallée Sacrée, un pour Sacsayuhaman et trois autres sites, et le dernier pour tous les musées de Cuzco. Le boleto turistico coûte 130 soles, et les tickets partiels, 70 soles chacun. Une seule agence dans la ville peut vendre ces tickets, alors attention à ne pas les acheter n’importe où.
Les musées de Cuzo ne sont pas les plus intéressants et le billet partiel pour les visiter ne vaut pas le coût selon nous. La Vallée Sacrée (Valle Sagrado), cependant, est vraiment belle et mérite bien une excursion. Sacsayuhaman est aussi une belle visite pour ceux qui ont le temps. Notre suggestion est donc d’acheter le boleto normal et prendre le temps de visiter la Vallée Sacrée, Sacsayuhaman et quelques autres sites pour en tirer le meilleur parti. Si le temps fait défaut, alors juste un ticket partiel pour la vallée sacrée peut être suffisant.
La Vallée Sacrée
La Vallées Sacrée héberge de nombreux villages et ruines Inca. On peut la visiter sur plusieurs jours, ou si on a moins de temps, réserver un tour à la journée depuis Cuzco. Nous avons décidé de faire un de ces tours, le Valle Sagrado VIP tour. Entre 65 et 80 soles, ce tour inclu le transport et une visite guidée des sites de Chincheri, Moray, des Salineras de Maras, Ollantaytambo et Pisac. On visite également un atelier de textiles et un autre de bijoux. Enfin, le tour comprend le déjeuner : un très bon buffet.
Comme évoqué précédemment, beaucoup de personnes essaient de vendre ce type de tour dans la rue. Nombre d’entre eux n’appartient à aucune agence et on ne sait pas quels services se cachent derrière leur offre. Pour éviter les mauvaises surprises, il suffit de demander à aller dans les bureaux de l’agence avant d’acheter le moindre tour.
Avec le VIP tour, la journée est assez intense et permet de voir beaucoup de choses. Nous sommes cependant satisfaits du temps que nous avons passé à chaque endroit. La seule exception est Ollantaytambo, où nous n’avons pas eu le temps de nous balader dans le village. Et nous n’avons pas eu le courage d’y retourner les jours suivants.
Beaucoup d’agences dans Cuzco offrent le même type de tours. Nous n’avons trouvé que de petites différences dans les services inclus et dans le prix, mais ça peut valoir le cout de demander à la ronde pour trouver le tour avec les meilleures conditions et au meilleur prix.
Pour entrer sur tous les sites, à l’exception des Salineras, il faut le boleto turistico, partiel ou complet.
Chinchero
La première visite du tour, Chinchero, héberge un bon nombre de terrasses d’agriculture où les pommes de terre étaient, et sont toujours, le principal produit. Proche des terrasses, une église fut construite sur un ancien temple Inca. Apparemment les heures d’ouverture de l’église sont aléatoires. Nous avons eu la chance de la trouver ouverte au moment de notre visite. Ses murs sont couverts de jolis motifs inspirés non seulement de la religion mais aussi de la nature.
Dans ce même village, nous nous sommes arrêtés à un atelier de textile où on nous a expliqué comment la laine d’alpaca est teintée traditionnellement. Seuls des ingrédients naturels sont utilisés comme des fruits, de la terre, ou des insectes. C’était une démonstration très intéressante !
Moray
Les Incas n’étaient pas seulement de bons architectes, il étaient aussi de très bons agriculteurs. Ils étaient capables de faire pousser des plantes à une altitude bien plus élevée que d’habitude. Pour ce faire, ils avaient besoin d’acclimater les plantes petit à petit, chose qu’ils firent dans des laboratoires en plein air comme à Moray.
Ici, on plantait des plantes comme des pomes de terre, du mais et du quinoa sur différentes terrasses. Chaque terrasse ayant son propre microclimat, en partant de la plus chaude en bas, à la plus froide en haut. Chaque année, les plantes les plus résistantes étaient replantées sur la terrasse du dessus. Une fois que les plantes poussaient dans les conditions requises, les graines pouvaient être plantées pour une production massive.
Le site et les techniques utilisées sont vraiment impressionnants. On peut sentir les différents microclimats en marchant dans le laboratoire. L’intelligence des Incas n’a pas fini de nous surprendre !
Salineras de Maras
Quelques-unes de ces piscines pour extraire le sel étaient déjà utilisées par les Incas. Beaucoup furent ajoutées plus tard pour arriver aujourd’hui à un total de 4 000 piscines. L’eau naturellement salée trouve sa source dans les montagnes et remplit les piscines, laissant le sel derrière elle une fois évaporée. Les salineras est le seul site qui n’est pas inclus dans le boleto turistico, mais la visite vaut le détour. La vue des piscines blanches en bas d’une vallée étroite est vraiment belle.
À noter cependant que l’on ne peut plus marcher le long de ces piscines salées. Ces dernières années, beaucoup de déchets ont été retrouvés dedans, laissés là par des touristes négligents. Ce sel est la source principale de revenu de près de 400 familles, alors il a été décidé d’en interdire l’accès aux touristes. Cependant, la vue reste impressionnante.
Ollantaytambo
Ollantaytambo est un beau village qui a su maintenir son plan Inca original. Des rues étroites, de l’eau qui coule dans les rigoles, des maisons construites sur des murs Incas, tout ici nous rappelle au passé.
Le village est dominé par des ruines, les plus impressionnantes de toute la vallée. De grandes terrasses et beaucoup d’escaliers mènent au sommet de la colline d’où l’on a une vue magnifique sur le village et ses alentours. En haut, on trouve le temple du soleil, dont la construction ne fut jamais achevée. Les murs en place n’en restent pas moins impressionnants : trois grands rochers, pesants chacun au moins 50 tonnes. Et ils ont été transportés depuis une carrière qui se trouve à 7 km !
Pisac
Un village Inca très bien préservé, au sommet des montagnes. On peut marcher au milieu des ruines des maisons, ateliers et temples. On y admire aussi les nombreuses terrasses qui descendent jusqu’au village moderne.
Nous avons visité un atelier de bijoux dans le Pisac moderne. Là-bas, on travaille principalement l’argent. On nous a appris à différencier le vrai du faux. Le faux argent a une couleur opaque, presque marron. La meilleure qualité d’argent est le 950, chiffre qui doit être gravé sur la pièce ou le bijou.
Dans l’atelier, ils ajoutent parfois des pierres ou des bouts de coquillages aux bijoux. Chaque pièce est créée de manière individuelle, ce qui rend chaque bijou unique !
Sacsayuhaman
Surplombant Cuzco, les ruines de Sacsayuhaman sont un des témoignages de la grandeur de l’ingénierie civile Inca. Les murs du site sont composés de rochers pesant plusieurs tonnes. Au centre, on trouve une grande esplanade où des célébrations ont encore lieu aujourd’hui. Depuis les ruines, on a aussi une des plus belles vues sur la ville de Cuzco.
Tirer le meilleur parti du boleto
Pour les personnes ayant acheté le boltero turistico, il est possible de faire bien plus de visites que celles citées précédemment. Plusieurs d’entre elles se trouvent même dans le centre-ville. Nous sommes allés dans le centre Qosqo de Arte Nativo pour un spectacle de danse. On y voit des danses et musiques de différentes régions péruviennes. C’est vraiment intéressant, surtout si l’on a n’a pas la chance d’assister à un festival pendant son séjour à Cuzco.
Nous sommes également allés au musée juste en face, le Museo de Sitio de Qoricancha. Le musée est petit et un peu vieillot mais c’est une bonne façon de passer le temps. On a quand même été bien content de ne pas avoir à payer plus pour cette visite.
Inti Raymi
Nous avons eu la chance d’arriver dans la ville au moment des célébrations du Corpus Christi, une fête catholique qui a lieu 60 jours après Pâques. Pour l’occasion, chaque quartier parade avec la statue de son saint patron autour de la plaza de Armas, jusqu’à la cathédrale.
Il y a également un plat typique associé à ces célébrations : le Chiri Uchu. Il inclut un bout de cuy rôti, des œufs de poisson, des algues, une petite tortilla, du fromage, du poulet et du maïs. Ces ingrédients viennent de toutes les régions, du haut des Andes jusqu’à l’océan, et représentent l’unité du pays. Le plat est généralement servi froid. On trouve de nombreux vendeurs qui en servent autour de la place San Francisco.
Pendant les deux jours suivants, nous avons pu observer différentes parades, principalement des danses traditionnelles de chaque région. On a beaucoup apprécié les costumes élaborés et les différences de musiques et de danses d’une région à l’autre.
La célébration culmine le 24 juin, avec l’Inti Raymi, le festival du soleil. Il s’agit d’une ancienne fête Inca, pour célébrer le solstice d’hiver. Une grande reconstitution de la célébration originale a lieu dans trois endroits principaux. Tout d’abord à Qoricancha, ancien temple du soleil, puis à la plaza de Armas et enfin à Sacsayuhaman.
Des centaines d’acteurs performent les rites anciens, tous vêtus comme des guerriers Incas, des shamans, des gens normaux, un roi et une reine. Toutes les récitations sont en Quechua, alors on n’a pas pu comprendre tout ce qui se passait. Mais dans tous les cas, la performance nous a drôlement impressionné.
La dernière partie de la célébration, à Sacsayuhaman, a lieu sur une grande esplanade. On peut acheter des places sur des gradins mis là pour l’occasion. Cependant les sièges coûtent plusieurs centaines de dollars et ont tendance à être tous vendus plusieurs mois avant l’Inti Raymi. Nous avons vu seulement une partie de la cérémonie à Qoricancha et sur la plaza de Armas, au milieu d’une grande foule, et c’était déjà très impressionnant. Nous n’avons pas vu la dernière partie de la célébration, non seulement à cause du prix, mais aussi et surtout car ce même jour nous partions pour le trek du Salkantay !
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